24/04/2014

Le château de Gödöllö







Le château de Gödöllö est connu aujourd’hui pour avoir été la résidence d’été en Hongrie, et la favorite entre toutes, de l’impératrice-reine Elisabeth, “Sissi”. Mais son histoire est bien plus ancienne.
Son véritable bâtisseur fut le comte Antal Grassalkovich I (1694-1771). Né dans une pauvre famille de la toute petite noblesse, il commença sa carrière en 1715, comme avocat. Un an après il était membre de la “Hofkammer”, institution financière de l’administration hambourgeoise. Dix ans après, il était président de la Commission des nouvelles acquisitions, institution mise en place pour vérifier les titres de propriétés après le chaos juridique laissé par le départ des Turcs de Hongrie en 1686.

Comte Antal Grassalkovich I (1694-1771)
En 1737, Antal Grassalkovich I put acheter le domaine de Gödöllö, qui jusqu’à présent n’était qu’un village appartenant à la famille Bossányi. Et il planifia un immense domaine avec un château baroque en son centre, dont le travaux débutèrent en 1741.
Gödöllö est situé à 30 kilomètres à l’est de Budapest, ce qui à l’époque était une distance lointaine, mais aujourd’hui et même du temps de Sissi mettait le château à une demie-heure de train.
Antal Grassalkovich I prit soin de son domaine comme il prit soin des finances publiques de la Monarchie. En remerciement de son travail il fut créé baron puis comte par l’impératrice Marie-Thérèse. Il était à l’époque un des hommes les plus puissants et des plus riches de Hongrie.


Chambre de Marie-Thérèse puis d'Elisabeth

Il fit construire 33 églises, des bâtiments publics et des maisons privées sur le domaine afin d’y installer les artisans allemands nécessaires à son développement. Il prit soin d’établir un équilibre entre les catholiques et les protestants. Cette politique d’immigration fut une constante du règne de Marie-Thérèse qui accordait de grands avantages à qui voulait s’installer en Hongrie. Elle créa même des villages nobles, c’est à dire que tout habitant du village, à partir du moment où il s’y installait avec sa famille devenait noble.
Son fils Antal Grassalkovich II (1734-1794), s’il fut gratifié du titre de prince, eut une gestion catastrophique du domaine, lui préférant Vienne. Il afferma le domaine et à sa mort le laissa couvert de dettes. Il avait épousé en 1758 la princesse Mária Anna Esterházy.

Le château de Gödöllö - côté jardin 
Leur fils Antal Grassalkovich III (1771-1841) ne fit pas mieux. A sa mort sans héritier mâle, ce fut une propriété en bien mauvais état qui passa dans la ligne féminine. Le fils de sa soeur, le comte MihályViczay, en hérita. Mais le passif était trop lourd et n’arrivant pas à l’épurer il vendit le domaine entier en 1850 à György Sina, banquier hongrois, créé baron. Ni lui, ni son fils ne résidèrent à Gödöllö désormais en un état lamentable. En 1864, le domaine fut à nouveau vendu à un consortium immobilier belge.
Entre temps, en 1848, lors de la révolution hongroise, ce fut à Gödöllö que Lajos Kossuth prit la décision de déclarer la déchéance de la dynastie des Habsbourg et de se battre pour l’indépendance de la nation hongroise après avoir proclamé la république. Cela se fit le 14 avril 1849, après l’avènement de François-Joseph, le 2 décembre 1848, à Brnö en Moravie.
Le 13 août 1849, grâce à l’intervention russe appuyant les troupes autrichienne du Maréchal-Prince Schwarzenberg, la tentative d’indépendance hongroise fut écrasée dans le sang. Kossuth, condamné à mort, put s ’échapper et finit sa vie en exil. Il mourut à Turin en 1894. En mars 1867, le gouvernement hongrois acheta enfin le domaine de Gödöllö et le fit ainsi entrer dans la légende.

Le château de Gödöllö - Façade d'origine 
Si le compromis austro-hongrois signé le 29 mai 1867, ouvrant la voie au couronnement de François-Joseph et d’Elisabeth, comme roi et reine apostoliques de Hongrie, le 8 juin 1867, doit beaucoup plus à la défaite de Sadowa, face à la Prusse en 1866, aux actions conjugués de Deak, pour les Hongrois et de Beust pour les Autrichiens, qu’à l’influence directe et légendaire d’Elisabeth, il n’en reste pas moins vrai que l’amour qu’elle portait à la Hongrie fut un élément important dans le changement d’attitude de l’Empereur vis-à-vis de ses sujets hongrois et de ces derniers vis-à-vis de la dynastie.
Gödöllö est le symbole de ce changement.  Offert au couple comme cadeau de couronnement, Király (Roi) Ferenc József és Erzsébet királyné (reine) en langue hongroise, Gödöllö fut désormais la résidence préférée de la souveraine.

Le couple impérial à l'époque du couronnement
En 1866, Elisabeth avait déjà visité les lieux mais uniquement pares qu’ils servaient d’hôpital militaire aux blessés de la bataille de Sadowa. Vienne risquant l’invasion prussienne, l’impératrice avait cherché refuge en Hongrie avait ses deux enfants, Rodolphe et Gisèle. Elle avait été séduite par le château à l’abandon mais l’empereur l’avait prévenue en août 1866 : “ Tu peux visiter les soldats blesser à Gödöllö, si tu le souhaites, mais ne le regarde pas comme si nous devions l’acheter car je n’ai pas d’argent. En ces temps difficiles, nous devons faire des économies. Les Prussiens ont causé des dommages considérables dans nos propriétés familiales et il faudra des années pour nous en remettre…La moitié de nos écuries doit être vendue et nous devons vivre modestement.”

L'impératrice Elizabeth par Winterhalter (détail)

 Elizabeth en robe de couronnement 

Mais le gouvernement hongrois sut comprendre le désir d’Elisabeth et souhaitant faire un geste envers la famille royale – en Hongrie on n’utilise jamais “impériale” – et la voir résider souvent dans leur pays, au Palais Royal de Buda, songea à leur offrir une résidence d’été. Gödöllö, par la taille du château, et la proximité de Budapest était l’idéal.
136 pièces organisées autour de la grande salle centrale, un premier étage divisé à gauche pour les appartements du roi et à droite pour les appartements de la reine ( quelques pièces chacun), qui eux sont suivis d’une aile consacrée aux deux petits princes. 67 pièces pour le personnel, des écuries, un manège – on se souvient que la reine était la première écuyère d’Europe – un parc à l’anglaise, un village complet et des milliers d’hectares faisaient un ensemble digne d’Elisabeth.

Le salon d'Elizabeth (photo d'époque)

Le salon d'Elizabeth
Salons en enfilade de l'appartement d''Elizabeth
Lors de l’aménagement du château le confort fut préféré au faste. Les couleurs choisies furent pour les appartement de François-Joseph, le rouge – damas de soie brochée à profusion – et pour ceux d’Elisabeth, le violet, sa couleur favorite comme la violette l’était pour la fleur. 
Un service de table spécial fut créé pour le château par la manufacture de porcelaine de Herend (celui que l’on voit sur les photos est une copie de l’original qui fut détruit). Un mobilier complet plus confortable qu’élégant fut fabriqué – l’équivalent autrichien du style Napoléon III. Le mobilier que l’on voit n’est pas l’original détruit ou volé par les communistes. Il s’agit d’une reconstitution aussi proche du mobilier d’origine, inspiré par les appartements impériaux de Vienne. Bref, la nation hongroise offrit à sa reine adorée un nid pour qu’elle se sente enfin chez elle.

Service de table, copie de l 'original de la manufacture de Herend 

Pièce du service de table 
A l’automne 1867, la famille prit possession du domaine et à compter de cette date y résida plusieurs mois par an, essentiellement au printemps et à l’automne.

Deux vues du  bureau de François Joseph 
Elisabeth écrivit à sa mère la duchesse Ludovica : “ Ici, vous pouvez trouver un peu de tranquillité, pas de famille, personne pour vous contrarier, alors qu’à Vienne, il faut subir la foule impériale. Ici il n’y a rien pour me contraindre ou m’ennuyer, je peux y vivre comme dans un village et me promener à pied ou à cheval toute seule.” Pas d’archiduchesse Sophie à Gödöllö !

Elizabeth et François-Jospeh 
Les paysans connaissant le goût de la reine pour la solitude s’écartaient d’elle quand ils apercevaient sa silhouette.

Elizabeth à cheval 

L’élite cavalière de la Hongrie se pressait à Gödöllö au territoire si propice à la chasse. A leur tête le comte Gyula Andrássy, un des chefs de la révolte de 1848, désormais aux pieds d’Elisabeth et nouveau support de la dynastie. On a beaucoup jasé sur les relations entre la reine et le comte Andrássy.

Le comte Gyula Andràssy 
par Fyula Bencsùr en 1884 
 
La réalité est probablement que la reine s’est laissée adorer et que le comte s’est contenté de l’adorer. On est allé jusqu’à prétendre que l’archiduchesse Marie-Valérie aurait été le fruit d’amours adultérines. C’est mal connaître la psychologie d’Elisabeth, la vie de la famille impériale et la conscience de leur position que de l’affirmer. 

Le manège du château de Gödöllö 

Les écuries du château de Gödöllö
Certes Elisabeth vivait simplement – enfin selon ses concepts – Certes, elle recevait des bandes de musiciens tsiganes pour animer les soirées. Certes, elle se plaisait à Gödöllö mais elle n’a jamais oublié qu’elle était petite-fille de roi, née duchesse en Bavière, qu’elle était la souveraine de tant de peuples et que son mari, aussi, l’adorait. Elle avait une haute idée de son rang et sa simplicité n’était que de façade, histoire d’ennuyer un peu plus sa belle-mère, Vienne et la Cour.
L'archiduchesse Marie-Valérie 
L’archiduchesse Marie-Valérie, dite “l’enfant de la Hongrie” naquit à Budapest et fut la préférée de ses parents. Elisabeth l’éleva elle-même et son père l’adorait. Sissi insista pour que Marie Valérie reçoive une formation purement hongroise. Par une ironie de l’histoire, la petite archiduchesse devient une germanophile convaincue, en détestant la Hongrie. La ressemblance entre l’archiduchesse Marie-Valérie et l’empereur-roi était si frappante qu’aucun doute ne peut entacher la vertu de la reine Elisabeth.

Le salon d'attente d' Elizabeth au château de Gödöllö
La reine Elisabeth passa près de sept ans de sa vie en Hongrie. Son dernier séjour à Gödöllö fut du 2 au 24 octobre 1897. Après sa mort, à Genève, le 10 septembre 1898, Gödöllö tomba dans l’oubli. François-Joseph n’y séjourna que très peu – il y vint pour la dernière fois en 1911 – et Marie-Valérie, mariée à son cousin l’archiduc Franz-Salvator de Habsbourg-Toscane, n’y résida plus.
Fin octobre 1918, le roi Charles IV, couronné le 31 décembre 1916, y prit ses quartiers militaires, avec toute sa famille, et en compagnie de son état-major planifia les dernières batailles de la guerre avant l’effondrement final du front et les émeutes de Vienne et Budapest au début novembre 1918. Il y reçut divers membres du nouveau gouvernement hongrois parmi lesquels le comte Mihály Károlyi, le nouveau chef de gouvernement, aristocrate communiste, qui dut ensuite céder le poste à Bela Kun. 
En Hongrie, Mihály Károlyi est connu comme s’appelle « Le Comte Rouge ». Ironie de l’histoire sa femme était s’appellait Katinka Andrássy, petite-fille de Gyula Andrássy, l’admirateur d’Elisabeth. grand homme d’État de Monarchie et l’admirateur de la Reine Elisabeth. Elle est aussi connue la « Comtesse Rouge ».
Les enfants impériaux les archiducs Otto, Robert, Félix, Charles-Louis et l’archiduchesse Adélaïde furent les derniers membres de la dynastie à résider à Gödöllö. Charles et Zita avaient été contraints de regagner Vienne en laissant les enfants aux soins de leur gouvernante la comtesse Kerssenbrock et le frère de l’impératrice le prince René de Bourbon-Parme. La révolution avait éclaté à Budapest et ils durent quitter le château en catastrophe pour rejoindre leurs parents à Schönbrunn avant l’exil final qui les conduisit en Suisse. La page glorieuse de Gödöllö était tournée.
En 1919, la République Socialiste de Hongrie y installa le haut commandement militaire. Puis à partir de sa prise de pouvoir en 1920, le Régent Horthy en fit sa résidence de campagne pour plus de deux décennies. En 1933, il permit qu’y soit tenu le Quatrième Jamboree Mondial. Plus de 25 000 scouts venus de 54 nations campèrent autour du château. Après la prise de pouvoir des communistes en Hongrie en 1945, puis l’écrasement de Budapest en 1956, le château tomba en ruines.


 Le château de Gödöllö en 1968 

Autre vue du château de Gödöllö sous le régime communiste.
Depuis 20 ans une campagne de restauration importante a été entreprise. Elle est aujourd’hui pratiquement achevée.

Statue d'Elizabeth 
Il reste encore une aile et les écuries à restaurer mais l’ensemble des appartements royaux se visite et on y retrouve avec bonheur l’ensemble des souvenirs laissés par François-Joseph et Elisabeth.
Pas une visite à Budapest ne peut se faire sans aller à Gödöllö où le souvenir d’Elisabeth reste éternel. Consulter le blog de la baronne Sophie Manno de Noto pour en savoir davantage sur l’impératrice Sissi.  



06/02/2014

Schloss Hetzendorf - Le petit Schönbrunn

Tout le monde connait Schönbrunn, pour l’avoir visité ou pour en avoir entendu parler. Mais il est un petit château, à l’orée du parc, pas très loin, beaucoup moins connu parce que presque jamais visité. Il s’agit du château d’Hetzendorf, en allemand “Schloss Hetzendorf”.

Façade d'entrée
Son histoire commence à la fin du XVIIème siècle, quand le comte Sigismund von Thun und Hohenstein, après avoir acheté le terrain, en 1690, décide de faire construire un pavillon de chasse. En 1696, l’empereur Léopold Ier faisait débuter la construction de Schönbrunn, sur les plans et sous la direction du grand architecte viennois Johann Bernhard Fischer von Erlach(1656-1723), sur un terrain acheté par l’empereur Maximilien II en 1569.

Cour d'honneur
Depuis 1682, Louis XIV habitait Versailles et l’empereur se devait d’avoir une résidence du même genre. Les autres souverains et l’aristocratie européenne se devaient d’imiter les souverains français et autrichiens. Bon nombre de palais eut châteaux furent construits sur le modèle de Versailles et de Schönbrunn. La liste en serait fastidieuse, de Potsdam à Saint-Petersbourg. Pour ne citer que les plus célèbres encore en mains privées, Chatsworth en Angleterre et Eisenstadt en Autriche.

Façade sur la parc
Le comte von Thun und Hohenstein, lui, avait la chance d’avoir un terrain tout près du château impérial et il décida de faire appel au même architecte pour avoir son petit Schönbrunn. En 1694, comme Louis XIII à Versailles bien plus tôt, il fait édifier un pavillon de chasse. Mais il ne put achever son oeuvre. Après la mort de son oncle en 1709, l’héritière, la comtesse Eléonore von Thun and Hohenstein, épouse du prince Anton-Florian von und zu Liechtenstein, Grand Maître de la Cour et Premier Ministre de l’Empereur Charles VI, décida en 1712 de faire appel à Johann Lucas von Hildebrandt (1668-1745) pour transformer le pavillon de chasse en un château digne de ce nom.

Gravure de 1720
Avec Johann Bernhard Fischer von Erlach et Johann Lucas von Hildebrandt, il était difficile de ne pas placer la nouvelle construction sous le signe du baroque le plus pur.

En 1715, elle fait construire la chapelle et en 1719, elle agrandit la propriété et fait aménager le parc à la française.

Anton-Florian prince de et à Liechtenstein
La princesse mourut en 1723 et en 1742 ses héritiers vendirent Hetzendorf à l’impératrice Marie-Thérèse. Montée sur le trône en 1740, à la mort de son père, Charles VI, elle se trouvait “encombrée” d’une mère, Élisabeth-Christine, princesse de Brunswick-Wolfenbüttel, désormais impératrice douairière, au caractère pas très facile.

Élisabeth-Christine, princesse de Brunswick-Wolfenbüttel
Impératrice douairière
Les médecins de la cour eurent la bonne idée de trouver que l’air d’Hetzendorf était excellent et qu’il conviendrait parfaitement à la santé d’Elisabeth Christine. Il convenait également à la tranquillité du nouveau couple, pas encore impérial, François-Etienne ne sera empereur qu’en 1745, pris dans les tourments de la Guerre de Succession d’Autriche. Marie-Thérèse aimait sa mère qui le lui rendait bien, mais de préférence avec un peu de distance.

Petite Galerie
En 1745, l’impératrice fit appel à l’architecte autrichien, d’origine italienne, Nicolò Pacassi (1716-1790) pour agrandir le château. Pacassi a également travaillé pour la Cour à Schönbrunn, Budapest et Prague, dans l’extension et l’embellissement des châteaux.

Après la mort d’Elisabeth-Christine, le château resta vide, malgré une occupation temporaire en 1762, par les enfants ayant été inoculés contre la variole, et leurs familles, mis en quarantaine.

Grande Galerie
En 1789, Joseph II en fit également sa résidence provisoire, ses autres résidences ayant été inondées. Il s’y plut et voulut en faire une résidence permanente trouvant, lui aussi, l’air bon pour sa santé. Il agrandit le château de deux ailes de communs, créant ainsi cent cinquante chambres nouvelles pour loger famille et domestiques. Il faut se rappeler qu’à Vienne, à la différence de la Cour de France, seule la famille impériale résidait dans ses châteaux et palais. L’aristocratie ne vivait en aucun cas dans l’intimité de la famille impériale à l’exception de ceux qui y étaient momentanément en service.

La mort de Joseph II en 1790 mit fin à ces projets. Le château ne fut désormais habité qu’épisodiquement.

L’archiduc François-Maximilien d’Autriche, frère de Marie-Antoinette, Grand Maître de l’Ordre Teutonique, évêque de Munster et archevêque de Cologne, y résida quelques temps. La reine Marie-Caroline de Naples, née archiduchesse d’Autriche et également soeur de Marie-Antoinette, y mourut le 8 septembre 1814.

Plafond de la Grande Galerie
La mort de Joseph II en 1790 mit fin à ces projets. Le château ne fut désormais habité qu’épisodiquement.

L’archiduc François-Maximilien d’Autriche, frère de Marie-Antoinette, Grand Maître de l’Ordre Teutonique, évêque de Munster et archevêque de Cologne, y résida quelques temps. La reine Marie-Caroline de Naples, née archiduchesse d’Autriche, soeur de Marie-Antoinette, y mourut le 8 septembre 1814.

L’empereur François Ier y fit donner quelques fêtes et sous François-Joseph, Hetzendorf ne servit plus que de résidence pour les hôtes de la famille impériale. En 1873, lors de l’exposition universelle de Vienne, le Shah de Perse, la reine Victoria, l’empereur d’Allemagne y eurent leur résidence.

Un événement tragique y survint le 18 juin 1867, soit quelques jours après le couronnement de François-Joseph à Budapest. L’archiduchesse Mathilde, à l’âge de 21, lors d’un bal, voulant fumer une cigarette en cachette de ses parents mit feu à sa crinoline en tulle et fut brûlée vive. Le lendemain, le 19 juin, Maximilien d’Autriche, empereur du Mexique, était fusillé à Queretaro.

En 1911, le château retrouva sa fonction de résidence permanente. En effet, à l’occasion du mariage de son petit-neveu, et présomptif héritier en second, l’archiduc Charles, avec la princesse Zita de Bourbon-Parme, François-Joseph l’offrit comme résidence au jeune couple.

Charles et Zita au moment de leurs fiançailles
Il avait fait restaurer car le château avait subi d’importants dommages, faute d’une occupation régulière.

Selon l’impératrice Zita, il était impossible d’en bouger un meuble sans risquer de faire s’effondrer le plancher. Pour chauffer la grande demeure, le chauffage central a été installé et pour ne pas défigurer les pièces de réception par d’horribles radiateurs en fonte, Zita avait eu l’idée de les faire installer dans les cheminées, dissimulés derrière des grilles en bronze artistiquement ouvragées.

Chauffage central dissimulé derrière la grille de la cheminée
Salle des Laques
L’appartement de la jeune archiduchesse était au premier étage, au-dessus de celui de l’archiduc, au rez-de-chaussée. Pour pouvoir rejoindre son épouse sans avoir à passer par le grand escalier d’honneur ou l’escalier de service, Charles avait fait installer un escalier privé, dissimulé dans le fond de sa garde-robe, permettant de joindre les deux chambres, en toute intimité. Cet escalier existe encore.

Salon de l'archiduchesse Zita
Les enfants, l’archiduc Otto et l’archiduchesse Adélaïde, étaient installés au premier étage dans l’aile gauche du château.

La chapelle retrouva son usage permanent également, le jeune couple étant très pieux. La veille de la Nativité, en 1913, la jeune archiduchesse, enceinte, était seule à Hetzendorf. Charles n’était pas là. Il avait fallu un volontaire pour le service de caserne et Charles s’était proposé. En acceptant de servir ainsi, Charles avait permis à un autre officier de rester ce soir-là en famille.

Après avoir traversé la galerie, où les glaces dorées se renvoyaient sa silhouette, le salon aux vieux laques et la nursery, Zita était entrée dans la chambre d’Otto pour l’embrasser. Puis elle avait Zita prit l’escalier de pierre descendant directement vers le petit hall, au rez-de-chaussée de l’aile gauche du château, où se trouvait la chapelle baroque. En entrant pour entendre la messe de minuit, quelle ne fut pas sa surprise de voir une chorale dans le chœur. Elle, qui s’attendait à une messe basse, put entendre chanter des Noëls français et parmesans pour célébrer la venue au monde du Christ, les Noëls de son enfance. C’était le cadeau de son mari, loin d’elle ce soir-là.

Plan du château en 1900
1914 fut la dernière année de vraie vie au château d’Hetzendorf. Le 28 juin 1914 mit fin à la douceur de vivre dans l’Empire d’Autriche-Hongrie et emporta, avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, tout un monde dans la tourmente, dont il ne releva pas. L’archiduc Charles et l’archiduchesse Zita vinrent s’installer à Schönbrunn, pour être plus près de François-Joseph.

Saisi comme tous les biens de la famille impériale en 1919, le château, désormais propriété de la république autrichienne, perdit tout son lustre. Un sculpteur et un violoniste, entre autres, y habitèrent dans des conditions bien éloignées des fastes d’antan.

Il subit des bombardements en 1945, qui heureusement n’abîmèrent pas l’habitation principale.

En 1947, après le bombardement
Hetzendorf abrite aujourd’hui, et ce depuis 1946, l’école de la mode à Vienne “Modeschule Wien im Schloss Hetzendorf”, qui après l’avoir loué de la Ville de Vienne, l’acheta en 1987.

De résidence impériale à laboratoire de mode, des archiduchesses aux cousettes, la chute est grande mais l’essentiel est que Hetzendorf soit toujours debout. Le temps de la splendeur est passé, même si le merveilleux décor baroque subsiste. Est venu le temps de l’efficacité ! 
Sphinge du perron