08/12/2016

La vraie vie des Petites Filles Modèles




Couverture de l’édition Hachette

“Madame de Fleurville était la mère de deux petites filles, bonnes, gentilles, aimables, et qui avaient l’une pour l’autre le plus tendre attachement. On voit souvent des frères et des soeurs se quereller, se contredire et venir se plaindre à leurs parents après s’être disputés de manière qu’il soit impossible de démêler de quel côté vient le premier tort. Jamais on n’entendait une discussion entre Camille et Madeleine. Tantôt l’une, tantôt l’autre cédait au désir exprimé par sa soeur.”

Camille et Madeleine de Malaret
Ainsi commence “Les Petites Filles Modèles”, second ouvrage de la comtesse de Ségur, née Rostopchine, paru en en 1858. 

Camille et Madeleine de Fleurville sont dans la vie Camille et Madeleine Martin d’Ayguevives de Malaret, les petites-filles de l’auteur, filles aînées du baron Paul Martin d’Ayguevives de Malaret, diplomate de carrière et de Nathalie de Ségur. 

Les petites filles modèles ont donc bien existé et si leurs sages aventures ont séduit des millions de lecteurs de par le monde, avec celles de leurs amies Sophie de Réan et Marguerite de Rosbourg, c’est grâce au talent de leur impétueuse grand-mère. 

La comtesse de Ségur
O.Kiprensky (Musée Carnavalet - Paris)
La comtesse de Ségur, Sophie Rostopchine, n’était pas une petite fille modèle, loin de là. Fille du comte Fiodor Rostopchine, gouverneur de Moscou, auteur présumé de l’incendie de la ville en 1812 et de la comtesse Catherine Protassova, elle est élevée par une armée de domestiques dans un gigantesque domaine, un château immense au milieu de 45000 hectares de terres et de bois, Voronovo. Elle est la favorite de son père, aussi fantasque que riche, et enfant fort peu aimée de sa mère aussi fantasque que fanatique dans son catholicisme. Et Sophie accumule les bêtises pour lesquelles elle reçoit des punitions parfois méritée.

 Catherine  Protassova, comtesse Rostopchine 
 O. Kiprensky  (Galerie Tetriakov à Moscou)

Comte Rostopchine  
 O. Kiprensky (Galerie Tetriakov à Moscou )

L’exil en France de la famille en 1817 de ce descendant supposé de Gengis Khan marquera la vie de la jeune Sophie. En 1819, à peine âgée de 20 ans, Sophie est mariée au comte Eugène de Ségur, issu d’une des plus vieilles familles de la noblesse d’épée, les Ségur, et de la noblesse de robe, les d’Aguesseau. 


Comte Eugène de Ségur 
Ce mariage arrangé n’apportera pas le bonheur à Sophie car Eugène de Ségur est dépensier et volage. Mais il lui apportera en cadeau de noces, le château des Nouettes, offert par son père, en plus de la dot confortable confiée aux bons soins d’un banquier véreux et qui finit par disparaître. Sophie avait été épousée pour l’argent de son père. Elle eut à en souffrir toute sa vie car lorsque l’argent disparut, le Faubourg Saint-Germain ne se souvint plus que de l’excentricité du comte Rostopchine, excentricité que partageait Sophie. 

Le château des Nouettes, dessiné par Gaston de Ségur
Mais il lui restait les Nouettes, un domaine de 72 hectares de prés et de bois, au milieu desquels se trouve un joli château de la fin du XVIIIe, une ferme, un moulin. Le tout a été payé 100 000 francs. Après ses enfants, il sera le grand amour de la comtesse de Ségur qui y vécut de 1822 à 1872. Il est avec les petites filles modèles l’autre héros de la trilogie de Fleurville ( “Les malheurs de Sophie” - “Les petites filles modèles” et “Les vacances”), ainsi que de bien d’autres romans écrits par la comtesse, mettant en scène la noblesse en province sous le  Second Empire et toutes les couches de la société qui gravitent autour d’elle. 

La comtesse de Ségur y élèvera sept de ses huit enfants : Gaston, né en 1820, Anatole en 1823, Edgar en 1825, Nathalie en 1827, Sabine et Henriette jumelles nées en 1829 et Olga née en 1835.

Les Ségur sont une famille légitimiste mais qui a su trouver sa place également à la cour de Louis-Philippe, comme à celles de Napoléon Ier et III. 

Le 14 novembre 1846, la fille aînée d’Eugène et de Sophie, Nathalie,  épouse un ami de pension de son frère Gaston, le baron Paul Martin d’Ayguevives de Malaret. 

Les Martin d’Ayguevives sont une famille de la noblesse parlementaire et terrienne du comté de Toulouse possédant des centaines d’hectares en Lauragais, des seigneuries dont Ayguesvives, Corronsac, Pouze, Montgiscard, Garrevaques. Ils sont également hauts fonctionnaires, membres du Parlement de Toulouse, diplomates ; propriétaires de plusieurs châteaux (Ayguesvives, Fonbeauzard), deux hôtels à Toulouse.

Le père de Paul est Paul Alphonse Martin marquis d’Ayguesvives (1796-1831), procureur général de la Cour d’Appel de Toulouse. Sa mère est Camille de Malaret (1798-1882) fille d’une autre famille puissante de la noblesse parlementaire toulousaine. De ce côté également, on possède des centaines d’hectares de terre. Joseph François Madeleine de Malaret, grand père maternel des Petites Filles Modèles, fut aussi maire de Toulouse (1811-1815), possèdait le château de Verfeil et l’hôtel d’Hautpoul à Toulouse.

Château d’Ayguesvives près de Toulouse

Paul a accepté, à la demande de son grand-père maternel qui n'avait pas eu de fils, de relever le nom de Malaret et devint ainsi le baron de Malaret par ordonnance royale du 6 septembre 1842, reprise par un jugement du Tribunal de Première Instance de Toulouse en date du 16 août 1844. Il sera connu désormais comme le baron Paul de Malaret. 

Le frère aîné de Paul est Albert, marquis d’Ayguevives. 

Camille de Malaret naît à Rome le 28 février 1848 et Madeleine de Malaret, à Toulouse le 29 novembre 1849.

Camille est la première des petites-filles de la comtesse de Ségur. Elle fut aussi sa préférée. 

Camille et Madeleine naissent sous les meilleurs auspices. Elles appartiennent à des familles, tant du côté paternel que du côté maternel, riches, puissantes et bien en cour. Paul et Nathalie de Malaret ont toute leur place aux Tuileries, auprès de l’empereur et de l’impératrice. Paul est considéré comme un diplomate de talent et en 1853. Il sera successivement attaché surnuméraire à Rome (1846). En 1856, Paul de Malaret est nommé premier secrétaire à l’ambassade de France à Londres. Il s’y installe avec sa famille. Il sera ensuite ministre plénipotentiaire à Brunswick et Hanovre (1862), puis ministre plénipotentiaire à Turin en 1865 et à Florence en 1866, les deux villes tant successivement capitales du nouveau royaume d’Italie
Almanach Impérial - Année 1853
Nathalie occupera le poste envié de dame d’honneur de l’impératrice Eugénie de 1853 à 1856. Le groupe des dames d’honneur sera immortalisé par Winterhalter en 1855.

L’Impératrice Eugénie et ses dames d’Honneur par Winterhalter 
( Musée de Compiègne)
Nathalie de Malaret est en jaune à droite
Et c’est du départ à Londres que naîtra l’aventure fabuleuse de la comtesse de Ségur, auteur.

Camille de Malaret
Sophie qui adore ses petites-filles supporte mal l’idée de la séparation. La carrière mondaine de sa fille et de son gendre l’avait emmenée à s’occuper de ses deux petites-filles qu’elle avait souvent avec elle aux Nouettes, ou à Paris, remplaçant ainsi les parents pris dans le tourbillon impérial. 

Madeleine de Malaret
Les voir s’éloigner lui déchira le coeur, même si elle partit immédiatement pour Londres pour continuer à s’occuper de ses “Amourets”, comme elle les appelait. Elle passa six mois dans la capitale anglaise, l’aima au début puis finit par la détester.

La comtesse de Ségur ne faisait jamais dans la demie-mesure. Rentrée en France, elle souffrit à nouveau de la séparation et eût l’idée d’écrire des contes pour amuser Camille et Madeleine. Ces contes remplaceraient les histoires quelle avait l’habitude de leur raconter.

Et c’est ainsi que naquirent en 1856, “Les Nouveaux Contes de Fée”, publiés chez Hachette grâce à Louis Veuillot, dont elle était amie, et qui avait été séduit par la lecture qu’elle lui en avait faite.

Puis vint l’envie de raconter la vie d’enfants vivant dans un beau château, entourés essentiellement de l’affection de leurs mères, les pères étant souvent absents. 

L’oeuvre de la comtesse de Ségur était née et chaque ouvrage fut dédicacé à chacun de ses petits enfants. 

Pierre, né en 1853,  Henri en 1856 et Marie-Thérèse (1859)de Ségur, enfants d’Anatole, marquis de Ségur et pair de France et de Cécile Cuvelier.
Valentine(1860), Louis(1861) et Mathilde (1866) de Ségur, enfants d’Edgar de Ségur-Lamoignon et de Marie de Reiset.
Louis (1856) et Gaston de Malaret (1862) frères de Camille et Madeleine.
Elisabeth (1851), Sabine (1853), Henriette (1857) et Armand  (1861) Fresneau enfants d’Henriette de Ségur et du vicomte Armand Fesneau.
Jacques (1857), Jeanne (1858), Marguerite(1853), Paul (1862), Françoise(1864) et Louis (1872) de Simard de Pitray, enfants d’Olga et du vicomte Emile de Simard de Pitray.

La comtesse de Ségur mettra tous ses petits-enfants, sous leurs prénoms, ou sous leurs caractères dans la plupart de ses ouvrages. Elle les aimera tous mais Camille de Malaret et Jacques  de Pitray furent ses préférés.

La comtesse de Ségur ou Madame de Fleurville
Tous ces cousins se retrouvaient l’été chez leur grand-mère, au château des Nouettes, ou dans les châteaux de leurs familles respectives, Kermadio près de Saint-Anne d’Auray, chez les Fresneau, au château de Malaret près de Toulouse, ou du moins dans la garde ferme car le château n’est pas terliné, au château de Livet chez les Pitray. 

Château de Livet dans l’Orne près des Nouettes
Propriété du vicomte et de la vicomtesse de Pitray, née Olga de Ségur
Tous ces châteaux se condensent et se mêlent pour constituer les différents châteaux des livres de la comtesse de Ségur. Fleurville n’est pas que les Nouettes, c’est aussi Kermadio.

Château de Kermadio près de Sainte-Anne d’Auray
propriété du vicomte et de la vicomtesse Fresneau, née Henriette de Ségur

Dans la mémoire collective des lecteurs de la comtesse de Ségur, quatre petites-filles sont là, les premières. Sophie de Réan, qui est la comtesse elle-même, Marguerite de Rosbourg, qui est à la fois Marguerite de Pitray, Elisabeth et Sabine Fresneau, Camille et Madeleine de Fleurville qui sont Camille et Madeleine de Malaret.

Il y en a bien d’autres mais leur nom ne vient pas spontanément à la mémoire. 

Camille et Madeleine donc viennent au monde deux fois. La première fois à leur naissance et la deuxième fois en 1858 lors de l’écriture des Petites Filles Modèles.

Les petites filles modèles - dans une vignette de l’ouvrage


La comtesse de Ségur nous laisse sur notre faim après “Les Vacances”, elle dit quelques mots du futur de ses héroïnes, qui pourraient se résumer ainsi : elles se marièrent avec leurs amis d’enfance, eurent beaucoup d’enfants et furent heureuses.

Madeleine de Malaret - La vraie petite fille modèle -
La vie de Camille et Madeleine ne fut pas hélas ce que Grand-Maman Ségur avait imaginé. 

Les petites-filles suivent leurs parents dans les différents postes diplomatiques qu’occupent leur père. En 1854, il est premier secrétaire à la légation de Berlin, capitale du royaume de Prusse, puis ce fut le poste à Londres, puis ce fut le poste de ministre plénipotentiaire à Turin et celui d’ambassadeur à Hanovre. A moins de quarante ans, ce sont de beaux postes, qui montrent la faveur dont il jouit auprès de Napoléon III. Turin, c’est Cavour et Cavour c’est la future Italie unifiée. En 1862, il est ambassadeur à Bruxelles. Sans l’effondrement de l’Empire, en 1870, il est probable que Paul de Malaret aurait occupé des fonctions diplomatiques de premier plan, comme ambassadeur  à Londres, Vienne ou Saint-Petersbourg. Sa naissance, sa fortune, son mariage lui permettaient de tels espoirs. En 1852, il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur, il avait 32 ans et en 1867, Grand-Officier.

Paul de Malaret et ses filles
L’empereur était généreux avec ceux qui le servaient et les Malaret, à leur fortune personnelle ajoutaient de beaux émoluments qui leur permettaient de mener grand train. 

Considérée comme une beauté d’enfant Camille est, malgré tout, une petite fille fragile. Elle souffre d’une faiblesse pulmonaire et dès 1860, elle crache du sang. Sa famille l’entoure de tous les soins possibles mais les antibiotiques n’existaient pas et la grand-mère, croyant bien faire, applique des remèdes “de bonne femme”. N’avait-elle pas publié, à compte d’auteur en 1855, “La santé des enfants” ? La lecture de l’ouvrage est édifiante et il semble que l’arnica soit le remède miracle, avec le cataplasme Valdajou. Camille n’est ni mieux ni moins bien soignée que les autres enfants à l’époque.

Madeleine jouit d’une excellente santé.

Des deux soeurs, la cadette est la raisonnable, l’aînée la fantaisiste. Certes toutes les deux sont des petites filles modèles, mais Madeleine est plus modèle que Camille. Il y a toujours une mare pas très loin de Camille qui aime bien y tremper les pieds malgré les avis de Madeleine. Il y a aussi toujours des vers de terre prêts à trouver la ligne de la canne à pèche de la petite fille, qui aime aussi les filets à papillons et les courses à dos d’âne Toutes ces activités se retrouvent tout au long des ouvrages de la comtesse de Ségur.  Les bonnes, au moins aussi présentes que leurs mères, préparent, réparent, se font du souci, grondent et cajolent. 

Camille et Madeleine avec leur bonne Elisa - Vignette de l’ouvrage
Les deux fillettes sont, bien entendu, des modèles de foi enfantine. La communion solennelle est le grand moment de leur enfance. S’il y a peu de curés dans le monde de la comtesse de Ségur, il y a beaucoup de prières le soir avant de s’endormir. Les petites filles, et les petits garçons confient à Dieu ceux qu’ils aiment, et lui demandent sa miséricorde en confessant leurs petits péchés. 

Camille et Madeleine de Malaret sont bien Camille et Madeleine de Fleurville. 

L’été, c’est à Saint-Sernin des Rais, près du château de Malaret qu’elles assistent à la messe. Le château de Malaret est le rêve de leur père. Il fait construire cette immense bâtisse rectangulaire, sans beaucoup de charme. Et pendant la construction, les Malaret habitent les vastes bâtiments de ferme pas très loin. Camille et Madeleine adorent ce domaine, comme elles adorent les Nouettes. Elles courent dans les prés. L’été est chaud en Lauragais, la maison est fraîche et confortable. Certes elle est moins élégante que les autres châteaux, les appartements parisiens du Faubourg Saint-Germain ou les hôtels des ambassades, mais la vie y est belle. Et ce sont les vacances, même si vacances ne veut pas dire oisiveté. Camille et Madeleine prennent des leçons tous les matins, hiver comme été. Nathalie de Malaret, contrairement à Madame de Fleurville, n’a pas le temps de s’occuper de l’éducation de ses filles. Leur bonne en premier, puis une gouvernante enseigneront les rudiments de lecture, écriture, histoire. Sophie de Réan, comme Sophie Rostopchine, livrée à elle-même envie l’éducation dont bénéficient Camille et Madeleine. Elles apprendront aussi les travaux d’aiguille, de tapisserie, de peinture. Puis viendra le temps de la pension. 

Mais ces occupations formatrices ne doivent pas faire oublier l’essentiel, la charité envers autrui, surtout les pauvres qui soit vivent sur le domaine soit arrivent au domaine car jetés sur les routes par   un monde capitaliste envers lequel la comtesse n’a pas beaucoup de sympathie, même si son mari, Eugène, touche de gros jetons de présence dans les conseils d’administration dont il est membre, notamment comme président de la Compagnie des Chemins de fer de l’Est. Ou peut-être parce qu’elle connait le manque de coeur de son mari qui l’a laissée élever ses enfants sans lui donner d’argent. Celui qu’elle gagnera grâce à ses livres, un peu plus de mille francs par ouvrage, sera toujours bien venu


La comtesse de Ségur sous le Second Empire 
Si Nathalie de Malaret suit la mode et porte de larges crinolines, il n’en sera jamais ainsi pour sa mère, qui prêche la simplicité des mises.

Mais Camille et Madeleine sont habillées par leur mère et elles-aussi portent les crinolines des petites filles, illustrées par le “Journal de la Mode”. Elles sont élégantes.

Les Petites Filles Modèles dans "Le Journal de la Mode"

Elles montent aussi à cheval et montent bien. L’équitation fera toujours partie de leur vie. 

Le 15 novembre 1856, elles eurent un petit frère, Louis. Elles l’attendaient avec impatience et joueront à merveille le rôle de petite maman auprès du bébé, qui aura l’empereur pour parrain et l’impératrice pour marraine. 


Camille et Madeleine en 1857

1859 est l’année du changement pour les petites filles. Après un long été passé aux Nouettes, ennuyées par leur gouvernante qu’elles n’aiment pas, mais choyées par leur grand-mère qui les aime tant, elles doivent entrer au couvent. 

Il y a quelques maisons où les petites filles de l’aristocratie se doivent d’aller et parmi elles le Sacré-Coeur ou les Oiseaux. Les Oiseux étaient à l’angle de la rue de Sèvres et du boulevard des Invalides. La pension y était de 1800 francs par an. 

Le Couvent des Oiseaux

Aux vacances, elles rejoignent leurs parents soit dans les différentes capitales où ils sont en poste, mais bien plus volontiers à Malaret ou aux Nouettes. Elles y retrouvent à nouveau leurs cousins et leurs cousines. Ils sont vint en tout et toutes les chambres des Nouettes sont occupées. 

Les Nouettes par Naudet
 Le lieu des vacances éternelles
La mort d’Eugène de Ségur en 1863 n’affecte pas vraiment la vie de la famille. Eugène avait choisi de vivre loin de sa femme et de ses enfants. Il mourut toutefois chez son fils Edgar de Ségur-Lamoignon, au château de Méry. 

Camille et Madeleine sont toutes deux de belles jeunes filles mais Camille attire plus que Madeleine. 

Camille et Madeleine, jeunes femmes

Ce ne sont plus les petites filles modèles, ce sont des jeunes filles à marier. A la mort de leur grand-père Ségur, Camille a 15 ans et Madeleine presque 14. 

Camille de Malaret voit souvent un jeune homme dit “de bonne famille”,  Léon Ladureau, marquis de Belot. Elle le présente même à sa famille et il les séduit tous, à commencer par la comtesse de Ségur, comme il a séduit Camille. Léon était né à Paris en 1841 et avait donc sept ans de plus que Camille.

Le mariage est célébré à Paris le 14 mai 1868. Ce fut une belle fête, comme le Second Empire savait en donner. La comtesse de Ségur ne pouvait pas ne pas assister au mariage de la préférée de ses petits-enfants. 

Acte de mariage de Léon Ladureau de Belot et de Camille de Malaret
Le lendemain, le couple partit en voyage de noces à Arcachon, ville récemment mise à la mode par le couple impérial. 

Il est surprenant de voir ce mariage a été si aisément accepté dans la famille de Camille de Malaret, à commencer par sa grand-mère.

Qui est Paul Léon Ladureau de Belot  ? Tout d’abord, il n’est marquis que de fraiche date. Son père s’appelle Hyppolite Ladureau et est déclaré propriétaire, ce qui en soi ne veut pas dire grand-chose dans le monde de la comtesse de Ségur. Sa mère est née Elisabeth Pauline de Fussey, fille de Jean-Baptiste de Fussey, Veneur émérite, et d’Antoinette Roux de Bellerue. Elle est de famille noble. En effet les Fussey de Serigny avaient été admis aux honneurs de la cour en 1787. Sa grand-mère est Jeanne François de Belot de Chevigney épouse de Charles François, comte puis marquis de Fussey de Serigny. 

Par décret Impérial du 2 Février 1865, Paul Léon Ladureau est autorisé  à ajouter à son nom celui de son arrière grand-mère Jeanne Françoise de Belot de Chevigny (1768-1826), dame de Chevigney (Doubs), épouse de Charles François, comte puis marquis de Fussey (1734-1791).

Le titre porté par le marié est plus que contestable car il n’y a sur le plan généalogique aucun droit, les titres ne se transmettant en France que dans la ligne agnatique, même s’il peut ajouter le nom de Belot de façon légale. Le titre ne figure d’ailleurs pas sur l’acte de mariage, à la différence de celui du père de la mariée et des témoins, marquis de Fussey, marquis d’Ayguesvives, comte de Ségur.

La comtesse de Ségur qui, dans certains de ses ouvrages, ne cesse de fustiger les parvenus qui ajoutent des particule et des noms ronflants et ridicules comme “de Tourneboule” ou “de Castelsot” à d’insupportables parvenus, semble n’y avoir vu que du feu ou bien n’a pas voulu voir, cédant au caprice amoureux de Camille.

A sa majorité Léon Ladureau avait hérité de la fortune de son père, qui avait été fournisseur aux armées, soit selon les rumeurs, six millions de francs-or, en liquidités, titres et immeubles à Paris boulevard Montmartre.

Voilà ce qu’écrit une des cousines germaines de Camille : 

"Le nom et le titre étaient authentiques, la fortune très enviable (40.000 F de rentes) mais le personnage bien peu sympathique. Mal de sa personne, éducation tout à fait relative, air faux, regard fuyant, élégance d'aventurier, tout aurait dû ouvrir les yeux de mon oncle, mais ma tante Nathalie, sa femme, insatiable d'argent, peu scrupuleuse, avide de toutes les facilités de la vie, ne comprenant du reste que la grande vie, s'emballa à fond sur la fortune de M. de Belot, et arriva à convaincre mon oncle que leur fille ne retrouverait jamais semblable occasion... Son existence scandaleuse, et son immoralité notoire était connue du "tout Paris qui s'amuse", au point que dans ce milieu-là apprit avec stupeur qu'il épousait la fille du baron de Malaret, ambassadeur de France à Florence. On sut plus tard que c'était le résultat d'un pari entre camarades de débauche, M. de Belot ayant soutenu qu'il se faisait fort, malgré sa détestable réputation, d'épouser une des plus jolies jeunes filles et des mieux nées de la société parisienne. Et sachant qu'elle était la nièce de Monseigneur de Ségur, prélat naïf et mondain, il intrigua si bien auprès de lui par l'intermédiaire d'un prêtre, que ce pauvre Gaston de Ségur, qui par ailleurs était un saint homme, fût persuadé qu'on ne trouverait pas mieux pour sa nièce. Il avait suffi que M. de Belot fût présenté sous ses auspices pour être accepté d’emblée."

Le manque de naissance n’était rien au regard de l’absence de moralité de Paul Léon Ladureau “marquis de Belot”. Il est possible qu’au moment du mariage la majeure partie de la fortune Ladureau ait déjà fondu. 

Dès les premiers mois du mariage, Camille étant enceinte, il découche plusieurs nuits de suite et quand il rentre à la maison, il est ivre et il la bat.

La petite fille modèle est une femme trompée et battue mais qui tente dans un sursaut de fierté de faire face à ce qui arrive. Elle se tait et dissimule la situation à ses parents et surtout à sa grand-mère. 

Son fils Paul nait le 3 mars 1869. 

Aux Nouettes ou à Kermadio, la vie continue entre gestion de plus en plus difficile du domaine et écriture des petits chefs d’oeuvre de la littérature française. Les droits d’auteur sont désormais bien utiles à la comtesse de Ségur pour fair face à ses dépenses personnelles, qui en sont pas bien grandes, mais pour aider sa famille et gâter ses petits-enfants. A l’inverse de ce qui se passe de nos jours, il n’y avait pas de droits liés au nombre d’ouvrages vendus. Chaque livre était vendu une bonne fois pour toutes, en général mille ou deux mille francs par ouvrage (Flaubert avait vendu Madame Bovary pour huit cents francs et Dickens touché onze mille francs pour la publication de onze de ses ouvrages)  et tous les bénéfices allaient à l’éditeur, la Maison Hachette, qui à l’occasion du succès de son auteur, créa la Bibliothèque Rose, qui fut désormais vendue dans les gares. La comtesse de Ségur a vendu plus de 29 millions de livres à ce jour.

Grand-Maman Ségur vers la fin de sa vie
Camille cherche à fuir la compagnie de son mari et quand elle vient aux Nouettes ou à Kermadio, c’est seule avec son fils. Lui-même ne tient pas à la vie de campagne menée chez la grand-mère, à qui rien n’échappe. 

Nathalie de Malaret et Sophie de Ségur se rendent bien compte que Camille n’est pas heureuse mais que peuvent-elles faire pour l’aider. 

La guerre de 1870 met fin à l’empire et toute la société qui en dépendait se disloque. Paul de Malaret doit quitter la diplomatie. Il n’a d’ailleurs aucune envie de servir el nouveau régime. Ses revenus diminuent considérablement et le château qu’il faisait construire à Malaret pour abriter sa famille ne sera jamais achevé faute d’argent.

Le château de Malaret - grande coquille vide 

Mais sur le pire n’est pas là pour la famille. Juste avant le déclenchement de la guerre, en juin 1870, soit deux ans à peine après le mariage de Camille, la comtesse de Ségur écrit à Madeleine : “Toi, tu es heureuse et gaie, toi, heureuse fille qui n’a pas traîné la lourde chaîne d’un fatal mariage. Ma pauvre Camille n’est plus ce qu’elle était : gaie, heureuse comme toi, un sort plus malheureux que la plupart des femmes a été son partage : peut-être que le bon Dieu lui a-t-il donné ce triste lot pour lui éviter les fautes de l’enivrement du monde : jeune, jolie, bien née, riche, charmante, spirituelle, excellente, elle eût peut-être été trop adulée partout et par tous…ce qui ne m’empêche pas que je m’afflige constamment de sa position et que je me désole de ne pouvoir y porter remède.”  ( Sources : L’indomptable Camille de Malaret par Marie-Chantal Guilmin - Queyssac Editions 2015)

Sophie sait de quoi elle parle. Son mariage a été un échec, sa fille Nathalie et son gendre Paul se sont perdus dans la vie mondaine. On ne peut pas dire qu’ils n’aient pas été de bons parents, ils ont tout simplement été absents quand il leur fallait être là. 

Et Madeleine ? Madeleine, la sage, la pieuse continue d’être sage et pieuse. Son amour pour sa soeur ne se dément pas. Elle est près d’elle à Paris, même si le plus souvent elle vit à Malaret où ses parents se sont retirés. 

La guerre est finie, la famille reprend ses habitudes mais les Nouettes sont délaissées au profit de Kermadio, chez les Fresneau, où Camille se réfugie le temps des vacances…Mais tout n’est plus en l’air au château de Fleurville, comme le décrit si bien la comtesse au début du dernier ouvrage de la trilogie. On n’attend plus les cousins dans l’impatience des parties de pêche et de pique-nique organisées par des mamans bienveillantes et une armée de domestiques toujours présents pour servir leur maîtres avec amour et bonne humeur. Le chateau de Fleurville est un bateau qui tangue et on s’y donne encore l’illusion du bonheur. Mais chacun sait que ce n’est plus qu’une illusion. 

Camille subit tous les outrages d’une femme trompée. Le comte Eugène de Ségur, lui, était discret dans ses aventures et respectait se femme. Le “marquis de Belot” impose ses maitresses. Lors de leur voyage de noces à Arcachon n’a-t-il pas loué la villa voisine afin d’y abriter sa maitresse du moment ? Il tente d’entrainer sa femme dans la débauche. 

C’en est trop pour elle et lors d’une visite de son père, elle lui demander de l’emmener avec lui à Malaret. 

Le “marquis de Belot” tente de reprendre sa femme et devant le refus de Paul de Malaret de permettre à Camille de partir avec lui, il exige cent mille francs, pour prix de la séparation.

Le divorce n’existant pas, Camille est liée à Paul pour la vie.

A l’automne 1871, la comtesse de Ségur débarque à Malaret pour y passer l’hiver. Elle y retrouve ses ”amourets”, Camille et Madeleine, leurs deux frères Louis et Gaston, mais aussi son arrière petit-fils, Paul de Belot, le seul qu’elle connaîtra et auquel elle dédie son ouvrage “Après la pluie, le beau temps”. Il y a en effet, un peu de beau temps dans la vie de Camille entourée de l’affection des siens. 

Mais une terrible nouvelle tombe. Les Nouettes sont vendues en mai 1872. C’est un crève-coeur pour toute la famille. On ne connait pas bien les raisons de cette vente. Il ne semble pas que ce soit par manque d’argent pour son entretien - même si elle prétend dans une lettre à sa petite-fille Elisabeth Fresneau que le domaine rapporte quatre mille francs et en coute neuf -   mais plutôt une dissension entre la comtesse et son fils Anatole de Ségur sur la gestion du domaine. Mais quelle qu’en aient été les raisons, le domaine des petites filles modèles n’existe plus. Le chateau de Fleurville n’existe plus. Les Nouettes appartiennent désormais à un de ces “horribles parvenus”. Il les défigurera en donnant à la charmante demeure de campagne un air prétentieux, en ajoutant un étage et des toits extravagants. 

Le château des Nouettes après qu’il eût été vendu et modifié
Elles deviendront ensuite un préventorium puis un institut médico-éducatif, ce qu’elles sont encore aujourd’hui. Les enfants restent malgré tout le coeur de la demeure comme du temps de la comtesse, mais il n’y a plus de cuisiniers, plus de bonnes, plus de jardiniers, il n’y a plus que des employés payés par l’Etat. Il n’y a plus de parterres, de jardins d’enfants ni de fermes mais tout un complexe de bâtiments utiles certes, mais sans grande poésie. 

Il reste encore en Normandie, le château de Livet qui appartient à Olga et à son mari, proche des Nouettes. La comtesse de Ségur y séjournera parfois.

Mais le pire est encore à venir pour les Malaret. Camille décide de reprendre la vie commune avec Léon Ladureau de Belot. Le prétexte qu’elle donne à sa famille est qu’elle ne peut priver un enfant de l’affection de son père. Mais de quel père s’agit-il ? Un être qui n’a pas une seule fois mis en balance sa famille et sa vie de débauche. La décision de Camille n’est pas comprise par sa famille et par sa grand-mère encore moins que par ses parents. Peut-être est-elle amoureuse de son mari ? Peut-être n’accepte-t-elle pas l’échec de sa vie de femme ? 

Mais la famille, grand-mère en tête, comprend et pardonne. Camille peut revenir à Malaret avec son fils, mais sans son mari. Elle les retrouve tous et oublie le temps des vacances la vie affreuse qu’elle mène à Paris. Elle ne se plaint pas mais il est probable qu’elle manque d’argent car sa dot a été dépensée par son mari et celui-ci n’a pas peur des dettes.

La France apprend avec indifférence la mort de Napoléon III, qui n’est qu’une tristesse de plus pour ceux qui ont vécu la gloire et la vie facile du Second Empire. Elle apprend avec satisfaction la nomination du Maréchal de Mac Mahon, et comme l’ensemble de la noblesse, les Malaret s’en réjouissent. Après tout, il est si peu républicain et n’est-il pas des leurs. 

La tentative de restauration monarchique a échoué le 20 novembre 1873. Mais ce n’est pas ce qui afflige les enfants et les petits-enfants de la comtesse de Ségur. Tout au long de l’automne et au début de l’hiver, elle est malade. Elle ne quitte plus son appartement de la rue Casimir-Perrier, à l’ombre de Sainte-Clotilde. En 1869, elle avait eu une attaque dont elle s’était remise mais en cette fin d’année 1873, tous comprennent que la fin est proche. Nathalie est venue à Paris pour la soigner. L’agonie de sa mère est longue, terrible. Gaston, le fils aîné, Monseigneur de Ségur, est là. Il lui administre les sacrements. 

Le 9 février 1874, Sophie Rostopchine, comtesse Eugène de Ségur, s’éteint. Camille et Madeleine l’ont veillée. Elle a pu porter son dernier regard sur ses petites filles modèles, ses “Amourets”.

27 rue Casimir Perier
Dernier domicile de la comtesse de Ségur
La famille est dévastée par le chagrin. 

Mais Camille n’a pas pu être auprès de sa grand-mère autant qu’elle l’aurait voulu car elle-même n’est pas bien vaillante. 

La maladie rode dans la famille. Jacques de Pitray, l’autre petit-enfant favori de la comtesse de Ségur, meurt à 19 ans, de consomption. 

Le 9 juin 1881, Monseigneur de Ségur, le fils aîné et préféré de Sophie, s’éteint. Sur son faire-part de décès, on peut lire les noms de toute la parenté immédiate des petites filles modèles.

Faire-part de décès de Monseigneur de Ségur
Camille tousse de plus en plus, elle s’affaiblit et aucun séjour au soleil de Malaret, pas plus que la présence aimante de Madeleine, ne peut la guérir. Les accès de fièvre sont de plus en plus fréquents, elle ne peut plus se lever ni s’alimenter. 
Camille prit prendre connaissance de l’infamie de son mari, condamné à la prison pour vol. 

Voici ce que rapporte le journal “Le Temps” dans ses éditions :

Le 29 mars 1881 : Arrêté pour vol à la tire “l’enquête immédiatement ouverte démontra pourtant que l’on tenait le marquis Paul-Léon Ladureau de Belot, chevalier d’Isabelle la Catholique, commandeur du Saint-Sépulchre, de Saint-Grégoire et plusieurs autres saints. Un noeud vivement détaché de la boutonnière du marquis au moment de son arrestation…c’était le ruban de la Légion d’Honneur auquel Mr de Belot n’avait aucune espèce de droit. Comment ce gentilhomme était-il tombé assez bas pour se faire du même coup portent de fausses décorations et voleur à la tire ? Mr de Belot avait épousé en 1868 la fille d’un ambassadeur de Napoléon III. Il avait 28 ans et Mademoiselle de Malaret 19. Toutes les conditions de la félicité terrestre semblaient réunies autour d’eux : amour, honneur, santé, richesse, avenir souriant. En 1872, il ne restait plus rien de ces splendeurs. Mr de Belot avait décoré ses économies, ses immeubles du Boulevard Montmarte, et il était pourvu d’un conseil judiciaire à la demande de la marquise qui le voyait sur le pointt de compromettre le peu qu’elle possédait encore. Bientôt une séparation de corps intervenait. Un enfant né du mariage était confié à la mère. Le père s’en allait à travers le monde on ne sait où. En 1877 on le retrouve à Nice vivant avec une ancienne actrice et s’adonnant aux liqueurs fortes. On le perd de vue encore. Il prétend avoir vécu aux Etats-Unis…D’après la prévention, la pelisse du marquis était spécialement machinée pour le vol. Les poches étaient percées de faon à permettre au mains en apparence immobiles d’attirer sous le vêtement les objets convoités…Hier la 8ème chambre du tribunal…a condamné Paul Léon Ladureau de Belot à six mois d’emprisonnement pour vol et port illégal de décorations.

Le 22 janvier 1882 :“ Nous avons revu Ladureau de Belot devant la 8ème chambre. Quelle figure ravagée que ce descendant de preux qui à 45 ans en parait plus de 60 et a épuisé déjà tous les plaisirs et toutes les souffrances de la vie. Le marquis a occupé dans le monde parisien une situation enviée. Il a été à la tête d’une fortune qui se chiffrait non par centaines de mille francs mais par millions. Il fût un des hôtes de Compiègne. On l’avait décoré chevalier du Saint-Sépulchre. Ayant dévoré une partie de ce patrimoine…Ladureau ignorait le travail ; il n’entrevit qu’une ressource, le vol…Paul Léon Ladureau est condamné à un mois de prison. Mardi prochain, il sera jugé de nouveau pour l’affaire des pantoufles et des couverts.”

Rien ne pouvait arriver de pire dans une famille que ces condamnations. Mais hélas, les Malaret eurent encore malheur plus grand.


224 Boulevard Saint-Germain (7ème)
dernier domicile de Camille de Malaret

Le 8 février 1883, Camille, leur chère Camille, rendait l’âme, entourée des siens. Elle n’avait que 34 ans et mourut de la tuberculose. Elle fut enterrée dans le cimetière de Saint-Sernin des Rais, l’église de Malaret. 



Acte de décès de Camille de Malaret
Son fils Paul la suivit de quelques années, mourant de tuberculose en 1887. Paul de Malaret mourut en 1886, Nathalie en 1810. Léon Ladureau de Belot se remaria le 17 mai 1890 avec Marie Deniau, couturière. Les témoins au mariage furent un charron, un marchand de vin, un menuisier et un horloger.

Madeleine ne se maria pas et entra comme novice chez les Filles de Saint-François de Sales. Elle vécut une vie retirée à Toulouse, s’occupant du domaine de Malaret. Elle mourut le 26 septembre 1930, après une vie d’humilité. Elle repose à côté de sa soeur. 

Les Petites Filles Modèles ont continué et continuent à vivre dans le coeur de beaucoup d’enfants car qui ne s’est pas laissé prendre au charme de la vie au château de Fleurville. 


Tombe des Petites Filles Modèles
Saint-Sernin de Rais ( Haute-Garonne)