12/12/2018

Marie Walewska


Première Partie
Une enfance studieuse dans un pays déchiré

Marie Walewska par Isabey
Un prénom et un nom qui prêtent immédiatement à rêver. Marie Walewska fut l’héroïne d’une grande histoire d’amour liée à une des plus grandes épopées de l’Histoire de France et à un des plus plus grands noms, Napoléon Ier.
Mais sa vie débuta simplement dans une famille de la noblesse polonaise. Maria Łączyńska naquit le 7 décembre 1786 à Grodno près de Kiernozia, le domaine familial, à une cinquantaine de kilomètres de Varsovie, dans une famille ancienne et respectée, les Łączyński mais dans une Pologne déchirée. 

Armes Łączyński

Comme il est difficile de séparer Marie de l’histoire de son pays, il convient de dire la situation de la Pologne à sa naissance. 

Le Royaume de Pologne dont la création date de 960 par l’accession au titre de prince de Pologne de Mieszko Ier. C’est donc une nation qui peut revendiquer une histoire aussi ancienne que celle de la France royale mais qui ne fut pas aussi unitaire. 

Plusieurs dynasties se succédèrent après les Piast, dynastie de Mieszko Ier, et les Przemysl, (960-1370)  ce furent les Capétiens d’Anjou-Sicile, avec Louis également roi de Bohême, dont la fille Hedwige, élue reine de Pologne en 1384, épousa Ladislas II Jagellon, Grand-duc de Lituanie.



Gisant de la reine Hedwige à Cracovie

Elle est devenue la patronne de la nation polonaise et a été canonisée par Jean-Paul II le 8 juin 1997
Le couple n’ayant pas d’enfants pour succéder au Royaume de Pologne, à la mort d’Hedwige en 1399, Ladislas conserva le trône de Pologne et y installa sa dynastie. Les Jagellon régnèrent jusqu’au décès de Sigismond II Auguste en 1572. Les souverains Jagellon étaient à la fois Grand-duc de Lituanie et roi de Pologne, les deux états restant séparés, jusqu’en 1569, par l’Union de Lublin ils furent unis sous le nom de République des Deux-Nations, la "Rzeczpospolita" . 

La Pologne en 1600
« Notre État est une république sous la présidence du roi », fut-il déclaré. La République comprenait principalement quatre nations : Lituaniens, Polonais, Ukrainiens et Biélorusses, appelés ensemble, Ruthènes. En 1569, la population de République comprend 11,5 millions d'individus, pouvant être répartis à peu près en  Polonais : 4,5 millions - Lituaniens : 0,75 millions - Ukrainiens : 3,5 millions - Biélorusses : 1,5 millions - Prussiens : 0,75 millions - Livoniens : 0,5 million. Il ne s’agissait donc pas, contrairement à ce qu’indique son nom, une union purement polono-lituanienne. C’est de cette période que date l’élection du souverain, choisi dans la Szlachta, la grande noblesse polonaise.

Le premier souverain élu fut Henri, duc d’Anjou. Mais il ne le resta pas longtemps, deux ans, car il fut appelé, sous le nom de Henri III, à succéder à son frère, Charles IX, sur le trône de France.

Parmi les souverains suivants, les plus connus furent Jean III Sobieski, le sauveur de Vienne, Stanislas Ier Leszczynski, père de la reine de France, Marie et Frédéric-Auguste III, duc de Saxe.


Jean III Sobieski par Jan Tricius

Stanislas II Poniatowski (1732-1798) fut le dernier roi de Pologne. Elu en 1764, grâce à Catherine II de Russie qui envoya troupe et argent pour soutenir la candidature de son amant, il ne sut pas établir l’équilibre politique qui aurait permis de sauver son royaume, en ayant pris parti pour la Russie. Enlevé, déchu, rétabli, le souverain fut incapable d’imposer les réformes nécessaires et fut incapable de résister aux appétits de ses voisins.

L'Autriche, la Russie et la Prusse décident d'intervenir militairement, en échange de concessions territoriales — une décision prise sans consulter ni le roi ni aucun des partis polonais - pour rétablir l’ordre en Pologne.

En fait de rétablissement d’ordre il s’en suivit trois  partages successifs.

Le premier le 5 août 1772, la Russie, la Prusse et l'Autriche signent un traité, ratifié par la Diète polonaise, qui ampute la Pologne-Lituanie du tiers de sa population et de 30 % de son territoire. La Russie reçoit les territoires biélorusses à l'est de la ligne formée par la Dvina et le Dniepr. Sont entre autres comprises les villes de Polotsk (ancienne capitale de la principauté), de Vitebsk, d'Orcha, de Moguilev et de Gomel. La Prusse obtient la riche région de la Prusse royale, peuplée d'Allemands à 90 %, avec la partie nord de la Grande-Pologne (Wielkopolska), peuplée de Polonais. L’Autriche obtient la Petite-Pologne (Malopolska), le Sud du bassin de la Vistule et l'Ouest de la Podolie.


Stanislas II Auguste Poniatowski, roi de Pologne grand-duc de Lituanie

Le deuxième partage de la Pologne-Lituanie est le résultat de la demande d'aide faite à la Russie le 24 avril 1792, par les grands magnats polonais, les Branicki, Rzewuski, Kossakowski, menés par le comte Stanislas Potocki, pour retourner à l'ancien ordre polonais qui leur assurait des privilèges, notamment celui de juridiction sur leurs paysans, abolissant ainsi la nouvelle constitution trop libérale à leurs yeux. 

Comte Stanislas Potocki (1755-1821)

Le 4 mai 1792, La Russie accepte et envoie des troupes, de même que la Prusse. Un accord entre ces deux pays aboutit au deuxième partage, ratifié par la diète polonaise. L'Autriche ne peut y participer, étant en guerre avec son ancien alliée, la France. La Russie reçoit l'essentiel de la Biélorussie lituanienne (la voïvodie de Minsk et partiellement la voïvodie de Navahroudak et celle de Brest-Litovsk) et l'Ouest de l'Ukraine. La Prusse obtient notamment les villes de Dantzig et Thorn, ainsi que le reste de la Grande-Pologne et une partie de la Mazovie.

Deuxième partage de la Pologne

Si ce partage ne semble pas poser problème à une partie de l’aristocratie, il n’en est pas de même pour la petite noblesse, la bourgeoisie et le peuple polonais en général. La révolte gronde et en 1794, Tadeusz Kościuszko conduit un soulèvement national. Tadeusz Kościuszko fut un héros des guerre d’indépendance des Etats-Unis et le héros des guerres contre les ennemis directs de son pays. 

Kościuszko par Kazimierz Wojniakowski

S’il réussit dans un premier temps à chasser les Russes de Vilnius et de Varsovie, l’aide apportée aux Russes par la Prusse et l’Autriche mit fin à l’insurrection brisé le 4 novembre 1794 par le massacre de Praga. Du côté russe il y eut 580 morts et 960 blessés. Du côté polonais on compta 6000 morts et blessés, 10 000prisonniers et entre 7000 et 20000 civils massacrés.

Massacre de la population de Praga par Aleksander Orłowski, 1810
Il est aujourd’hui un héros national en Pologne et en Lituanie.
La Russie, la Prusse et l'Autriche achèvent le démembrement du reste de la Pologne-Lituanie le 3 janvier 1795.
Le Congrès de Vienne en 1814 mit fin à l’espoir que Napoléon Ier avait suscité en créant le Grand-duché de Varsovie en 1807.
Catherine II meurt l'année suivant le partage. L'empereur romain germanique et le roi de Prusse sont désormais alliés contre la France révolutionnaire. Les légions polonaises naîtront d'ailleurs d'un ralliement de militaires derrière la France napoléonienne, ennemie de tous les pays qui ont pris part aux partages.
Malgré la fondation du duché de Varsovie par Napoléon, en 1807, le partage de la Pologne-Lituanie est confirmé après la chute de l'empereur par le Congrès de Vienne (1814-1815). La partie administrée par la Russie est agrandie.
La Pologne et la Lituanie ne retrouveront leur indépendance qu'à l'issue de la Première Guerre mondiale, et seront alors deux états séparés, alors qu'elles étaient unies depuis 1385.
Maria Łączyńska née en 1786, soit après le premier partage de la Pologne, a huit ans lors du soulèvement de Tadeusz Kościuszko et vécut le démembrement de son pays, à l’instar de son monde, comme une blessure personnelle. Ces évènements marqueront sa vie et seront les instruments de son destin. 


Marie  Łączyńska enfant



La famille des Łączyński, noble sans être une famille de magnats, est ancienne et a compté dans l’histoire de la Pologne. On trouve des  Łączyński occupant des fonctions importantes à différentes période de l’histoire de la Pologne. Au début du XVIe siècle Samuel Łączyński est un compagnon du roi Sigismond Ier. Lors d’un duel à  l’épée et à la hache, il tranche la tête de son adversaire. Et il reçut les félicitations du monarque. A la fin du XVIe siècle Jérôme Łączyński, plus sociable, est un juriste reconnu. 


Kiernozia, la propriété des  Łączyńsk i aujourd’hui 
Kiernozia en 1945 après le passage des troupes soviétiques

Au XVIIIe siècle, le père de Maria, Mathieu Łączyński a remis en état le domaine familial de Kiernozia et l’a fait prospérer. La maison dite château n’est en réalité qu’une grande demeure, comme il en existe tant dans la campagne polonaise mais la famille jouit d’une bonne aisance. Au second partage de la Pologne, Łączyński prend fait et cause pour l’insurrection. Il considère qu’en sa qualité de seigneur de sa province, - il était starost de Gostyń - descendant d’une famille de soldats intrépides et de fiers polonais, son devoir est de montrer l’exemple aux paysans et aux petits propriétaires fonciers.

A la bataille de Maciejowice, le 10 Octobre 1794, qui oppose les Polonais, commandés par   Tadeusz Kościuszko et les Russes commandés par  le général Souvorov, Mathieu Łączyński frappé d’une balle en plein coeur meurt. Il est enterré dans la crypte de la chapelle familiale à Kiernozia avec les honneurs militaires. Maria vécut alors son premier chagrin qui ancra dans son coeur la haine de l’occupant russe. 

Les terres de Kiernozia furent comprises dans la partie de la Pologne attribuée à la Russie.

La veuve de Mathieu Łączyński, Eva Zaborowska, la mère de Maria, bien qu’issue d’une famille riche, se trouve confrontée à la gestion d’un domaine, ce dont elle n’a aucune idée. Elle est à la tête d’une famille de sept enfants Maria, Benedict Joseph, Jérôme, Théodore, Honorata, Catherine et Ursule-Thérèse. 

Elle est rapidement dépassée par cette gestion et laisse les bâtiments du domaine se dégrader. les récoltes sont mauvaises, les fermiers ne paient plus leurs loyers. La famille désormais pauvre court à la ruine.

Elle engage pour s’occuper de ses enfants un professeur, qui l’aidera aussi à régler certains des problèmes du domaine, Nicolas Chopin, dont le fils Frédéric fut le compositeur que nous connaissons tous. Français, originaire de Lorraine, Nicolas Chopin, fils d’un charron viticulteur, fut remarqué par l’intendant d’un grand seigneur de la suite de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne devenu duc de Lorraine. En 1787, à l’âge de 16 ans, Nicolas Chopin suivit son protecteur, Adam Weydlich.  Il était brillant et excellent musicien. Il s’intégra rapidement à son nouveau pays et y fit une véritable ascension sociale dans la bourgeoisie intellectuelle de Pologne. Après avoir été précepteur dans la famille de Maria et chez la comtesse Skarbek où il rencontra sa femme, issue de la petite noblesse, il devint professeur de français au lycée à Varsovie, puis à l’école élémentaire des officiers et ingénieurs de l’artillerie. Il était unanimement respecté par la société polonaise à laquelle il s’était agrégé au point de se considérer lui-même comme polonais.


Nicolas Chopin (1771-1844)

Son entrée en 1795 dans la famille Łączyński fut une chance pour tous. Il eut à enseigner le français et la  musique aux enfants. Grâce à lui Maria parlera un français parfait. Mais il s’occupa aussi de remettre de l’ordre dans les finances de la famille. Il passa six ans avec eux. 

Malgré l’aide de Nicolas Chopin, et en dépit de ses conseils, elle continua un train de vie dispendieux bien au-dessus de ses capacités financières. Elle envoya son fils aîné à Paris, son fils Théodore dans le meilleur établissement de Varsovie. Sa fille Maria, ainsi qu’une de ses sœurs, fut placée à Notre-Dame de l’Assomption à Varsovie. Maria y fut une élève studieuse, bien adaptée à la vie quasi monacale menée par les élèves. Foi ardente, élans romantiques font partie de la personnalité qu’elle se forge au cours de ces années. Son frère Benedict, devenu officier dans l’Armée française, lui apprend à connaître le nouveau Premier Consul de la France, Napoléon Bonaparte. Issu de la Révolution française, s’attaquant aux vieux royaumes européens, ne serait-il pas celui qui un jour pourrait libérer la Pologne du joug russe ? Maria veut le croire. Le sort de son pays la préoccupe et elle veut se consacrer à sa libération.

Son éducation est une réussite. Elle danse bien, elle est naturellement gracieuse et distinguée, elle est musicienne et elle est jolie. La mère supérieure de son couvent la décrit ainsi : « Marie est intelligente et studieuse, avec une douceur de caractère qui la fait aimer de tous ici. Elle est peut-être un peu trop introspective pour son bien; quoique timide et réservée de nature, elle a des sentiments violents, passionnés même, particulièrement en ce qui concerne la religion et le tragique état actuel de notre pays »

En effet, n’avait-elle pas dit pas un jour  : «  Que de fois dès ma plus tendre enfance n’ai-je pas pleuré amèrement en écoutant les récits des malheurs de notre infortuné pays ! L’usurpation étrangère, les horreurs exercées à Praga, l’humiliation d’une nation dont je faisais partie soulevaient tout mon être d’indignation. » (Mémoires - Fonds Marie Walewska - Fondation des archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice )


Maria Walewska par Marie-Victoire Jaquotot en 1811
miniature

Quand à 17 ans, Maria retourne à Kiernozia, c’est une belle jeune femme, aux formes parfaites, aux yeux bleus magnifiques. Elle est ainsi décrite en 1810 : « Teint éblouissant de blancheur…yeux d’un bleu azur…sourire ravissant…qui fit voir deux rangs de perles éclatantes dans la plus gracieuse et la plus fraîche bouche du monde. » (Fonds Marie Walewska )


Sa mère lui déclare alors « Marie a embelli. Dieu veuille lui trouver un mari bientôt. ce serait une charge de moins » (Fonds Marie Walewska )

08/11/2018

« Les oubliées de la victoire. Les femmes dans la guerre de 1914. »

En ce centenaire de la victoire de la Première Guerre Mondiale, il convient de se rappeler que les femmes si elles ont largement contribué à l'effort de guerre à l'arrière, elles ont aussi été au front.




Pour Martine Gasquet, « Face à l’injustice de l’Histoire qui n’a retenu de la guerre de 1914 que l’héroïsme de ses soldats, il est temps de rappeler le rôle essentiel des femmes durant ce conflit. Les hommes partis au front, la France se tourne vers celles qui les ont silencieusement accompagnés jusqu’alors. Dans l’anonymat le plus complet, les femmes accomplissent des travaux physiques hors du commun. Les immenses terres agricoles sont désormais entre leurs mains afin que la nation ne meure pas de faim. Les industriels ne pourraient pas faire face aux besoins en armement sans les munitionnettes et leurs douze heures de présence quotidienne dans les usines.
Sur le devant des tribunes, des personnalités fortes voient le jour. Féministes et pacifistes décrient les horreurs et le non-sens des combats. Certaines d’entre elles, telle Edith Warthon, inventeront un journalisme de guerre en se rendant dans les zones d’occupation.
La souffrance des soldats est si grande que des femmes courageuses, à l’image de la reine Élisabeth de Belgique, mettent toute leur énergie à sauver des vies et réussissent même à convaincre les états-majors de l’absolue nécessité d’utiliser les « petites Curie » sur les champs de bataille. Leur détermination les conduira jusque dans les premières lignes de tir que Marthe Richard, aviatrice hors pair, survolera dans son appareil.
Dans le jeu de la guerre apparaît aussi un nouveau métier : l’espionnage. Mais bien loin de l’image sulfureuse de Mata Hari, Louise de Bettignies invente le maillage de la Résistance. Victorieuses, mais oubliées : la réalité de l’Histoire s’exprime dans ce paradoxe. La femme moderne peut enfin naître. »

Voici quelques unes des  héroïnes dont la mémoire est évoquée par Martine Gasquet.


Louise de Bettignies
1880-1918
Louise Marie Henriette Jeanne de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à St-Amand-les-Eaux, morte le 27 septembre 1918 à Cologne, est un agent secret français qui espionna, sous le pseudonyme d’Alice Dubois, pour l’armée britannique.
Née dans une famille noble du nord de la France, elle fit d’excellentes études et apprit à maîtriser parfaitement l’anglais, l’allemand et l’italien.
On lui offrit d’être la gouvernante des enfants Hohenberg, fils de l’archiduc François-Ferdinand, poste qu’elle refusa.
Dès octobre 1914, elle décida de faire de la résistance à l’occupant allemand de la ville de Lille. Mgr Charost, évêque de Lille, lui demanda de transporter du courrier en France libre. elle voyagea sous le pseudonyme d’Alice Dubois. Dès lors, formée à l’espionnage, par les services secrets britanniques, elle organisa un vaste réseau de renseignement dans le nord de la France pour le compte de l’armée britannique. Elle sauva la vie de plus d’un millier de soldats britanniques. Elle transmit au gouvernement français l’information d’une gigantesque attaque préparée par les Allemands à Verdun pour le début 1916. Elle ne fut pas vue.
Le 20 octobre 1915, elle fut arrêtée par les Allemands près de Tournai. Condamnée à mort, sa peine fut commuée en prison à perpétuité et transférée à la prison de Siegburg où elle fut mise à l’isolement dans un cachot noir et humide. On lui refusa les soins exigés par sa santé. elle mourut le 27 septembre 1918 d’un abcès pleural. Elle fut rapatriée en France le 21 février 1920. Elle reçut à titre posthume, la croix de la Légion d’Honneur, la Croix de Guerre avec palme, la médaille militaire anglaise et fut faite officier de l’Ordre de l’Empire Britannique.




Edith Cavell
1865-1915
Edith Louisa Cavell, née le 4 décembre 1865 en Angleterre et décédée le 12 octobre 1915 en Belgique, est un infirmière britannique fusillée par les Allemands pour avoir permis l’évasion de centaines de soldats alliés de la Belgique alors sous occupation allemande.
Agent secret britannique, elle a abandonnée son activité pour aider les soldats alliés à passer de la Belgique vers les Pays-Bas, grâce à un réseau d’évasion organisé par les Belges. Les membres du réseau furent arrêtés en juillet 1915. Edith Cavell ne se défendit pas lors de son procès admettant ce qui lui était reproché. Malgré une campagne internationale en sa faveur, elle fut fusillée. Selon le pasteur luthérien qui l’a assistée, elle “a professé sa foi chrétienne et, en cela, elle était heureuse de mourir pour son pays…Elle est morte en héroIne.” Le roi george V assista au service célébré à Westminster lors du transfert de ses cendres.

Princesse Marie de Croÿ
1875-1968
S.A.S. Marie Elisabeth Louise de Croÿ, princesse de Croÿ et de Solre, est née à Londres le 26 novembre 1875 et morte à Saint-Benin-d’Azy est une aristocrate belge qui, aux côtés d’Edith Cavell, organisa un réseau de résistance et de renseignement contre l’armée allemande. Elle a été arrêtée, déportée à la prison de Sieburg et condamnée à dix ans de travaux forcés. Les interventions du roi d’Espagne et de Mgr Pacelli, alors noce apostolique, lui auraient permis d’être libérée, ce qu’elle refusa car ses compagnes de prison, dont la baronne Marthe Boël, ne pouvaient bénéficier de la même faveur. 
Admise à l’hôpital de Bonn, le 4 août 1917, elle fut libérée le 13 novembre 1918. Elle était très liée avec la reine Elisabeth de Belgique et la reine Marie de Grande-Bretagne. Durant la deuxième Guerre Mondiale, elle eût le même comportement héroïque. Elle fut faite chevalier de l’Ordre de Léopold et de l’ordre de la Légion d’Honneur. 


Marie Marvingt
1875-1963
Marie Félicité Elisabeth Marvingt est née le 20 février 1875 à Aurillac et morte le 14 décembre 1963 à Laxou.
Infirmière, licenciée en Lettre, parlant sept langues, elle fut un pionnière de l’aviation et l’un des meilleures alpinistes du début du XXe siècle. Elle est aussi la femme la plus décorée de France, avec trente décorations dont la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre avec Palmes.
Déguisée en homme, elle a participé à plusieurs actions militaires dans les tranchées. Découverte, elle fut renvoyée, mais avec l’aval du maréchal Foch elle fut intégrée dans le 3ème Régiment de Chasseurs alpins dans les Dolomites italiennes et oeuvra pour l’évacuation et la prise en charge des blessés, en terrain montagnard, intervenante volontaire de la Croix-Rouge.
En 1915, elle effectua sa première opération de bombardement d’une caserne allemande à Metz, première femme au monde à être engagée dans l’aviation militaire à effectuer des missions de combat aérien.

Marie Curie
1867-1934
Marie Skłodowska-Curie n’est pas à présenter. Elle est une des gloires de la recherche scientifique mondiale .
En 1914, dès la déclaration de guerre, avec l’aide de la Croix-Rouge, elle participe à la conceptions de dis-huit unités chirurgicales mobiles, des ambulances radiologiques, surnommées “le petites Curies”. Ces véhicules se rendant au plus près des champs de bataille, évitant ainsi aux blessés la longueur et les aléas d’un transport, permettent de prendre des radiographies des malades, utiles à déterminer la position des éclats d’obus et de balles, facilitant ainsi l’opération chirurgicale.
La première unité mobile a été  construite par elle en empruntant la voiture de la princesse de Polignac. Elle a aussi participé à al création de 150 potes fixes de radiologie dans les hôpitaux militaires.
Née le 7 novembre 1867 à Varsovie, elle est morte au sanatorium de sancellemoz, en Savoie, le 4 juillet 1934.
Elle a obtenu deux prix Nobel, événement dont la presse française ne fit pas mention en ces périodes de xénophobie, alors que l’étudiante polonaise est aujourd’hui une des gloires de la France et repose au Panthéon. 

Anne de Rochechouart de Mortemart, duchesse d'Uzès
1847-1933
Née le 10 février 1847 à Paris et décédée au château de Dampierre le 3 février 1933, la duchesse d'Uzès fut une des femmes les plus remarquables de son époque.
Pionnière de l'automobile, Maître d'équipage, membre pour un temps de la Société Protectrice des Animaux, amie de Louise Michel, elle eut aussi sa part dans la Première Guerre Mondiale. Elle constitua, sur l'intervention du chirurgien militaire Maurice Marcille,  convaincu de la nécessité de soigner au plus vite certaines plaies de guerre, un centre de soins mobile, constitué de 3 à 4 camions transportant 4 équipes chirurgicales, 4 tables d’opération et du matériel de radiologie ; cette structure “autochirugicale”, permettait d’opérer jusqu’à 60 blessés par jour au plus près du front. 
Elle présida après la guerre l'Œuvre dite des bons-enfants (protection des veuves et orphelins de la guerre 14-18). Elle fut faite Officier de la Légion d'Honneur.

Elisabeth de Wittelsbach, duchesse en Bavière, reine des Belges
1876-1965
La reine Elisabeth, fille du grand ophtalmologue, Théodore de Wittelsbach, duc en Bavière, et de Marie-Josèphe de Bragancee, infante du Portugal, est la nièce de l'impératrice Elisabeth, cousine germaine de l'impératrice Zita mais surtout épouse d'Albert Ier, roi des Belges, "le roi-soldat", avec lequel elle constitua un couple remarquable. Elle fut aussi surnommée "la reine-infirmière".
L'action des souverains pendant la Première Guerre Mondiale leur vaut une admiration justifiée.
Si elle ne travailla pas tous les jours comme infirmière, comme le dit la légende, elle ne fut pas moins active dans les soins donnés aux blessés et un réconfort par son soutien moral constant. Elle servit aussi d'agent de liaison entre son époux et le gouvernement britannique.
Née le 25 juillet 1876 à Possenhofen, elle est donc une princesse allemande. Horrifiée par l'attitude des armées de Guillaume II avec le consentement de ce dernier, elle prononça les mots célèbres "Entre eux et moi, un rideau de fer est tombé". Expression désormais utilisée mondialement. 
Elle est morte à Laeken, le 23 novembre 1965.
Avec ses idées sociales avancées, sa grande liberté d'esprit, son amour et sa pratique de musique, la reine Elisabeth est un des personnages féminins le plus remarquable dans le cercle des familles royales.

La liste de ces grandes dames qui toutes participèrent directement à l'effort de guerre, engagées dans la lutte contre la barbarie des armées impériales allemandes, est longue et ne saurait être limitée à ces quelques noms.

La lecture de l'ouvrage permettra à ceux que cela intéresse d'en savoir plus sur elles.



« Les oubliées de la victoire. Les femmes dans la guerre de 1914. », Martine Gasquet, Editions Giletta, 2015, 240 p.

08/10/2018

Château de Vayres, une résidence royale


Construit avant le XIème siècle, le château de Vayres, est situé dans un site majestueux sur les bords de la Dordogne à quelques kilomètres de Bordeaux.

Du donjon initial, en pierres, il ne reste rien. Amanieu d’Albret en devient le seigneur au XIIIème siècle. Il le fortifia et pour trois siècles le destin du château fut lié à celui de la famille d’Albret.
En 1326, Bérard d’Albret prit le parti du roi d’Angleterre, Edouard II, alors suzerain de la Guyenne, mari d’Isabelle de France, la fille de Philippe IV le Bel. Cette décision permit à son propriétaire, par les largesses qu’il reçut du roi, d’agrandir le château et de le transformer en une forteresse à la position stratégique majeure. De cette période subsistent de nos jours le donjon, le châtelet d’entrée et les douves qui ne furent jamais en eau.


La Guerre de Cent ans fut une période difficile pour ce château dont les propriétaires changèrent de camps plusieurs fois, tantôt soutenant les Anglais, tantôt les Français.
Il eut ensuite parmi ses propriétaires célèbres, César Borgia (1475-1507), duc de Valentinois et de Romagne, prince d’Andria et de Venafro etc…capitaine général de l’Eglise et cardinal. Fils du pape Alexandre VI et de sa maîtresse Vanozza Cattanei, il eut Lucrèce Borgia, duchesse de Modène et de Ferrare, ancêtre de toutes les maisons royales actuelles, pour soeur. 

César Borgia
duc de Valentinois
Il épousa en 1499, Charlotte d’Albret, soeur du roi de Navarre, Jean III. Sa fille, Louise Borgia (1500-1553), duchesse de Valentinois épouse successivement de Louis II de la Trémoïlle et de Philippe de Bourbon, baron de Busset, le restitua à son propriétaire légitime, Henri d’Albret, roi de Navarre, grand-père de Henri IV.

Jeanne d'Albret
reine de Navarre

Ce dernier en hérita de sa mère Jeanne d'Albret, reine de Navarre et y résida souvent, mais à cours de ressources, il le vendit en 1583 à Ogier de Gourgue, Président des trésoriers des finances de Guyenne.

Henri IV à l'époque où il prit possession du château
Le château médiéval fut alors transformé par son nouveau propriétaire, riche et puissant, en une magnifique résidence d’agrément comme la Renaissance sut en produire tant. Louis de Foix, sans rapport avec la famille princière, fut l’architecte qui présida à la transformation. Les magnifiques façades de la cour d’honneur sont son oeuvre. Il eut aussi à son actif le phare de Cordouan, dans l’embouchure de la Gironde.



Au XVIIème siècle, les Gourgue, de noblesse parlementaire, ayant soutenu leur camp contre Louis XIV et Mazarin eurent leur château endommagé.
En 1700, Jacques-Joseph de Gourgue, évêque de Bazas, en entreprend la restauration, harmonisant l’ensemble par l’achèvement de l’admirable façade qui domine la Dordogne avec son escalier monumental, et qui aujourd’hui symbolise le château.


Les Gourgues restèrent propriétaires du château jusqu’en 1900, mais n’y firent aucun agrandissement ou transformation notables.



Le château est toujours en mains privées et ses propriétaires actuels ont à coeur de lui restituer l’ancienne splendeur, quasi royale, que les XVIIIème et XIXème siècles avaient un peu ternie, par la carence de ses occupants.
L’amour de leur demeure et leur dévouement les ont emmenés à faire plusieurs campagnes successives de restauration. Ils eurent aussi à remeubler le château, en respectant son esprit.


Désormais classé monument historique (2001) Vayres, qui se visite, est un exemple de restauration réussie car toujours faite dans le respect absolu de son architecture, tout en permettant à ses propriétaires de l’habiter et d’en jouir comme la magnifique résidence qui fut créée à la Renaissance.

Pour en savoir plus sur les conditions de la visite du château de Vayres voir www.chateaudevayres.com